La Poste compromet le droit de grève de ses salariés : les sanctions tombent
Des salariés de La Poste ont subi des abus après avoir exercé leur droit de grève. Après examen de retenues abusives sur salaire, les prud'hommes condamnent
À plusieurs reprises, La Poste a été accusée par ses salariés de compromettre leur droit de grève. En effet, pour tenter de dissuader ses recrues de contester, l’organisme a tendance à retenir abusivement plus de jour de salaires que de raison aux grévistes. Soutenus par le syndicat Sud PTT et la CGT, les concernés ont saisi les prud’hommes qui ont condamné le groupe à des sanctions.
Quels sont les faits reprochés à La Poste par les Prud’hommes et les syndicats ?
Pour contester contre leurs conditions de travail, bon nombre de salariés de La Poste ont profité d’un samedi travaillé pour manifester leur mécontentement et faire grève en octobre dernier. Facteurs, agents de production ou encore responsables de la gestion du courrier ont effectivement décidé de se faire entendre, quitte à renoncer à une journée de salaire.
Lundi matin, tous les travailleurs ont retrouvé leur poste, sachant qu’aucune retenue n’a pu être opérée sur les jours fériés ou chômés, en somme, le dimanche. Or, le mois suivant, certaines recrues ont eu de mauvaises surprises en recevant leur bulletin de salaire…
Des retenues sur salaire non proportionnelles à la durée de la grève
En effet, pour la troisième fois consécutive au sein des locaux de La Poste, des salariés ayant exercé leur droit de grève ont pu voir que des retenues disproportionnées avaient eu lieu sur leur fiche de paie. Au lieu de déduire leur journée de grève de manière légale, le service de comptabilité de l’organisme aurait retenu abusivement deux, trois, voire quatre jours de salaire sur la paie de ceux qui ont manifesté leur mécontentement. Simple erreur ou réelle remise en cause du droit de vote, le Conseil des Prud’hommes a finalement tranché…
La Poste accusée de vouloir en finir avec le droit de grève
Car les salariés touchés par ces retenues abusives ont pu compter sur le soutien des syndicats principaux qui protègent les facteurs et agents de production, de courrier et de colis de La Poste. La CGT puis Sud PTT ont effectivement communiqué sur le sujet sensible qu’est le droit de grève. En effet, les organisations syndicales accusent clairement le groupe de vouloir en finir avec le droit de grève ainsi qu’avec les libertés syndicales des salariés. C’est dans l’optique de rétablir les droits des travailleurs que ces derniers ont saisi le Conseil des Prud’hommes suite à l’affaire des retenues sur salaire.
Quelles sont les sanctions retenues contre La Poste ?
Après étude de la situation, des témoignages et des documents présentés par les salariés et syndicats, le Conseil des Prud’hommes a dû se rendre à l’évidence. Au sein du compte rendu de l’organisation garante des droits des travailleurs, on lit clairement que La Poste est accusée d’avoir procédé à des retenues disproportionnées, et ce, pour la troisième fois consécutive. Suite à cette ultime condamnation, la société gestionnaire du courrier des Français devra verser l’arriéré des jours de salaire retenus aux concernés ainsi que des dommages et intérêts aux 6 grévistes concernés.
Note que malgré le fait que La Poste ait pris acte de la décision des Prud’hommes, elle se réserve le droit de faire appel aux sanctions même si aucune démarche dans ce sens n’a encore été réalisée.
Quelles sont les revendications des grévistes ?
Si les salariés de La Poste utilisent bien souvent leurs samedis de travail pour faire grève, c’est pour dénoncer des manquements au sein de leur entreprise. Entre management toxique et violent, manque de moyens et revendications d’embauche de travailleurs qui se trouvent en situation de précarité depuis de nombreux mois, les syndicats et travailleurs ont de quoi exercer leur droit de grève. Suite aux condamnations et sanctions prononcées contre l’organisme, ces derniers devraient pouvoir continuer à améliorer leurs conditions de travail sans craindre des retenues salariales abusives.
Sources : Le Parisien, BFMtv